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L’anacoluthe

« L’ana quoi? » Du latin anacoluthon voulant dire « absence de suite », l’anacoluthe désigne une rupture dans la construction ou la syntaxe d’une phrase. On la retrouve plus souvent que l’on pense en rédaction, malgré son nom peu connu.


Comme tout le monde, vous êtes tannés du froid hivernal et heureux de l’arrivée du beau temps. Dites-vous « Tannés du froid, l’arrivée du printemps nous rend heureux » ou plutôt « Tannés du froid, nous sommes heureux de l’arrivée du printemps »? Est-ce que les deux exemples sont bons?


Lisez ce qui suit, puis trouvez la réponse au bas de la page.


Lorsqu’on a une phrase avec un participe présent ou un infinitif en début de phrase, le sujet sous-entendu de ce verbe doit être le même que celui du verbe principal de la phrase.


  • Ayant réussi l’examen avec brio, le professeur la félicite.


Selon la règle, le sujet sous-entendu du participe « ayant réussi » devrait être professeur, puisque celui-ci est le sujet du verbe principal « félicite ». On peut toutefois comprendre que ce n’est pas le cas. Il faut plutôt écrire :


  • Ayant réussi l’examen avec brio, elle reçoit les félicitations du professeur.


Le sujet elle est alors le même pour le participe « ayant réussi » et le verbe principal « reçoit ».


L’anacoluthe a lieu aussi lorsqu’on associe à un nom un adjectif qui n’est pas logiquement son complément.


Voici un exemple :


Destination populaire, des milliers de touristes viennent admirer les chutes du Niagara.


On déduit bien sûr que la destination populaire n’est pas les « milliers de touristes », mais bien les chutes du Niagara. Il faut plutôt écrire :


Destination populaire, les chutes du Niagara attirent des milliers de touristes.


On peut éviter l’anacoluthe dans la rédaction en retravaillant tout simplement l’ordre de la phrase. Cela dit, sachez que l’anacoluthe n’est pas toujours fautive — en littérature, elle peut être considérée comme une figure de style recherchée.


Voici quelques exemples supplémentaires :

  • Étant passionnée d’histoire, les romans historiques me fascinent.

  • Étant passionnée d’histoire, je suis fascinée par les romans historiques.

  • Arrivés à destination, une surprise nous attendait.

  • Une surprise nous attendait à destination.


  • Épuisés de notre journée, le train nous ramène à la maison.

  • Épuisés de notre journée, nous rentrons à la maison en train.


  • Tannés du froid, l’arrivée du printemps nous rend heureux.

  • Tannés du froid, nous sommes heureux de l’arrivée du printemps.


  • Bien que malade, son père a envoyé Jordan à l’école.

  • Bien que Jordan soit malade, son père l’a envoyé à l’école.


  • Couverte de boue après avoir joué dehors, ses parents chicanent Maïté.

  • Couverte de boue après avoir joué dehors, Maïté se fait chicaner par ses parents.

Quelle est donc la bonne phrase?

Tannés du froid, l’arrivée du printemps nous rend heureux.

ou

Tannés du froid, nous sommes heureux de l’arrivée du printemps.

La réponse est :

Tannés du froid, nous sommes heureux de l’arrivée du printemps.

Source : Sylvie Clamageran et coll., Le français apprivoisé, 3e édition, Groupe Modulo, 2011

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